Discographies

"Deuxième signature techno de Fin de Siècle (après le franc et mélancolique Leave Things dont on guette l'album), Lucas Mandler alias Clarence Rise avait sans doute conscience, en paraphant le contrat qui le liait jusqu'à la mort à l'une des plus belles maisons indépendantes françaises du moment, qu'il n'arrivait pas n'importe où. Que l'exigence et la loyauté étaient au label parisien ce que le code de l'honneur et le baba au rhum sont à la mafia napolitaine. Que s'il remettait en temps et en heure ses nouveaux morceaux à l'homme de main Paulie Jan, sur lequel les tauliers comptent autant que Vito Corleone comptât sur Luca Brasi (je sais qu'ils sont siciliens, merci) et dont l'apport semble ici encore une fois déterminant au niveau du mix, les dits morceaux en seraient grandis.

Il faut moins d'une minute à «Totem », premier des deux morceaux de ce maxi de douze minutes – qui sort simultanément en format cassette et numérique – pour se faire une place dans votre cerveau et y rester, comme un morceau de glace récalcitrant qui refuserait de se détacher de la paroi du congélateur. On a déjà lu que la techno de Clarence Rise était froide ; on l'admet volontiers – d'autant que ça nous permet de faire une énième comparaison douteuse – mais on aurait tort de la réduire à cette froideur. Elle est aussi belle et subtile.

S'il avait été un blagueur freudien (ça existe), Clarence Rise aurait certainement appelé son second morceau « Tabou ». En bon rêveur, et parce qu'il est généreux au point d'aider le critique à s'y retrouver (ou parce que c'est un nerd de la linguistique et qu'il nominalise dès qu'il peut), le jeune homme a baptisé la deuxième piste « L'Astral ». C'est beau et on a envie de penser que c'est bien trouvé pour décrire cette séquence de techno à la fois offensive, dansable et contemplative qui va chercher dans l'ambient ce qu'elle ne trouve pas ailleurs.

Les deux titres s'écoutent ci-dessous et s'achètent là. Luca Brasi ne devrait pas avoir à vous rappeler ce qu'il vous reste à faire."